L’ancien roi du Cambodge est mort hier (lundi 15 octobre 2012) à Pékin, à l’âge de 89 ans. Voilà un portrait de cette figure asiatique du 20e siècle.
Imprévisible, impulsif, bon vivant, Norodom Sihanouk s’est marié 6 fois, et fut père d’au moins 14 enfants. Joueur de saxophone, auteur de chansons, réalisateur de films, amateur de bons vins et de cuisine française, il n’avait certainement pas peur de passer pour extravagant… Il disait lui-même: “les Cambodgiens sont tous des polissons, moi inclu!”.
Mais sous ces apparences légères, Sihanouk était en fait un maître de la politique, qui, certes sembla souvent changer de bord, mais su toujours servir l’unité de son pays, le protégeant des menaces des grandes puissances.
Biographie: né en 1922, il est le fils aîné du roi du Cambodge Norodom Suramarit et de la reine Kossamak. Il suit des études françaises, à Saigon au Vietnam, puis en France, sous l’occupation nazie à Paris, où on le nomme roi du Cambodge à la place de son père, en espérant pouvoir mieux le contrôler. Erreur: juste après la guerre Sihanouk s’embarque dans une campagne pour l’indépendance du Cambodge.
En 1953, en partie grâce à lui, le Cambodge gagne son indépendance, relativement dans le calme, après presque 100 ans de colonisation française. Deux années plus tard, Sihanouk rend le pouvoir à son père et devient premier ministre et ministre des affaires étrangères du Cambodge.
Avec la guerre du Vietnam qui s’intensifie, Sihanouk se montre opposé aux actions des Américains dans la zone, et soutient l’URSS (notamment en laissant passer des troupes soviétiques par son territoire).
En 1970, alors qu’il est en visite diplomatique en Union Soviétique, le Général Lon Nol prend le pouvoir par un coup d’Etat, aidé par les Américains.
Sihanouk est alors contraint à l’exil et fuit en Chine, à Pékin. De là il soutient activement les guérillas Khmers Rouges qui s’organisent dans le pays. En 1975, lorsque les Khmers Rouges arrivent à Phnom Penh, Sihanouk revient dans son pays, en tant que chef d’Etat.
Il est alors accusé d’avoir participé, avec les Khmers Rouges et leur leader Pol Pot, au génocide qui a tué environ un million de Cambodgiens, dont 5 de ses propres fils, et au moins 15 de ses petits-enfants.
Pendant les années suivantes Sihanouk est comme un prisonnier politique dans un palais royal, dans son propre pays. C’est Pol Pot qui tient réellement le pouvoir.
En 1979 le Vietnam envahit le Cambodge, poussant Sihanouk à l’exil à Pékin, une nouvelle fois. De là il continue à entretenir des relations avec les Khmers Rouges, qui ont encore beaucoup de pouvoir militaire. En 1990 les Vietnamiens se retirent, une année après Sihanouk est nommé président du Cambodge, puis en 1993 à nouveau roi. Il abdique en 2004 pour des raisons de santé, et passe ensuite la majeure partie de son temps à Pékin pour se faire soigner du cancer.
Sihanouk a toujours nié avoir participé aux massacres de la population cambodgienne par les Khmers Rouges. Il a condamné les actions de Pol Pot, et appelé à ce que ce dernier soit jugé pour ses actes.